Bonjour à toutes et à tous,
Je partage ici une réaction à chaud, suite à l’émission Le Débat du 7/10 diffusée sur France Inter (lien ici https://www.youtube.com/watch?v=bN52Qvst3fU

 En tant qu’acteur engagé dans le développement du vélo populaire en Martinique, j’ai été profondément choqué par le ton et le fond de cette émission. Ce texte est une tentative de mettre des mots sur ce que beaucoup ressentent : la banalisation d’un mépris à peine voilé pour le vélo, et plus largement, l’incapacité à penser une vraie alternative au tout-voiture.

ici en Martinique, porter un projet autour du vélo populaire est compliqué, difficile. Et contrairement à ce que nous espérions, la France , notamment les grandes villes comme Paris, où cette émission a été enregistrée , ne semble pas plus ouverte sur le sujet. Force est de constater que les résistances y sont tout aussi tenaces, voire plus insidieuses. Loin d’instaurer un débat constructif sur la mobilité durable, l’animateur de l’émission a semblé rejeter d’emblée toute perspective sérieuse en la matière. Son approche n’était pas simplement légère ou mal informée : elle relevait d’un biais culturel profond, symptomatique d’une société encore prisonnière du tout-voiture” . Madame Céline Scornavacca, co-présidente de la FUB (Fédération des Usagers de la Bicyclette), s’est ainsi retrouvée piégée. Non pas par une intention malveillante individuelle, mais par un piège civilisationnel :celui d’une dissonance cognitive collective, qui empêche même les plus ouverts en apparence de concevoir une alternative crédible à l’automobile. Sinon, comment expliquer autrement le ton presque agressif, les ricanements sournois, la déformation systématique des enjeux ? On peut certes comprendre certaines réticences face au vélo : peur du changement, manque d’infrastructures, habitudes ancrées. Mais ces arguments , souvent brandis comme des évidences , ignorent qu’ils s’inscrivent dans un cadre culturel biaisé, façonné par des décennies de domination automobile.

Les interventions du présentateur ont ainsi alimenté un climat de mépris, réduisant les cyclistes à des « extrémistes agressifs ». Le vélo ne dérange pas seulement sur la route : il dérange dans les esprits, car il remet en cause une vision du monde. Il bouscule les mentalités, révélant une immaturité persistante face aux transitions écologiques nécessaires. Le courant implicite comme explicite de l’émission s’est alors naturellement déversé, emporté dans un flot d’incohérences et d’injustices flagrantes. Car il est vrai que, tant qu’on n’est pas véritablement sorti de l’emprise de l’automobile , et surtout de cette manière de penser et de juger le monde à travers elle , on ne peut pas comprendre ce qui se joue dans nos sociétés, ni ce que vivent les cyclistes.

Être cycliste aujourd’hui, ou même simplement militant pour une mobilité alternative, c’est être automatiquement rangé dans la catégorie des extrémistes ou des bobos. Le vélo dérange. Il gêne sur la route, mais surtout dans les esprits. Il fait surgir des postures d’immaturité et d’ignorance brute , comme celles incarnées ici par l’animateur Nicolas Demorand.

la suite prochainement ici : https://lesvelosmarin.wordpress.com

Merci de votre lecture, et au plaisir d’échanger sur ce sujet. 

Les velos Marin Martinique

Le Marin le 23/06/2025